Le mois de Eloul : parvenir à être le plus près possible de la perfection spirituelle

16
Août

Le mois de Eloul : parvenir à être le plus près possible de la perfection spirituelle

אלול : אחת שאלתי מאת הי אותה אבקש

Il y a de nombreuses années, vivait à Jérusalem un simple menuisier, duquel il était très difficile d’obtenir des meubles.

Or, toute personne ayant eu le mérite d’acquérir des meubles de cet homme craignant Dieu, pouvaient témoigner de leur rare beauté ainsi que de leur originalité ; si bien que ce menuisier jouissait d’une excellente réputation dans tout Jérusalem et ses environs. Un jour, le gouverneur de la ville de lumière (nom qualifiant Jérusalem) entendit parler de ce fameux menuisier et décida de lui demander s’il pouvait lui fabriquer un beau et grand bureau. Notre menuisier lui répondit alors :

“Avec joie mon gouverneur ! Seulement ne revenez que dans une semaine”.

Le gouverneur revint comme convenu au terme de l’échéance prévue, mais fut aussitôt renvoyé par le menuisier, l’informant de revenir de nouveau au bout d’une semaine. Trois mois s’écoulèrent alors, le menuisier repoussant systématiquement chaque semaine notre gouverneur, tant et si bien que ce dernier rentra dans une très grande colère :

“Comment peut-on oser me repousser de la sorte chaque semaine depuis des mois avec autant de mépris, sans même me donner d’information concernant ma commande ?! 

D’autant plus que j’ai appris que ce vil menuisier continue malgré tout à recevoir chaque jour de nouvelles commandes, et à y en tenir compte, alors que la mienne est peut-être passée aux oubliettes”.

C’est alors qu’un matin, très tôt, le gouverneur très mécontent arriva au domicile du menuisier et le questionna vigoureusement en ces termes : “Veux-tu délibérément me rabaisser ? Que signifie ce comportement nonchalant et méprisable que tu adoptes depuis des mois à mon égard ?”.

C’est alors que le menuisier répondit avec une extrême modestie : “Que Dieu m’en préserve mon gouverneur, je vous respecte trop pour arriver à cela ; je cherche au contraire à vous honorer de toutes mes forces. En effet, lorsque je m’apprête à réaliser des meubles, je ne me rends pas directement et simplement au dépôt du marchand de bois pour le lui en acheter, et construire par exemple une table avec ; je vais plutôt à la forêt, et je m’adresse à certains arbres que je juge être très beaux, en demandant à chacun : “Serais-tu prêt et souhaiterais tu devenir la chaise, la table, ou le bureau d’untel ?”

Ainsi, lorsque j’ai le sentiment que tel arbre s’attache volontiers à moi et à ma demande, je décide alors de le couper et d’en faire un meuble pour autrui. Or, voici que depuis déjà 3 mois, Mr le gouverneur, je n’ai senti aucun arbre de la forêt acceptant de devenir pour vous, votre bureau. C’est la raison pour laquelle, je vous renvoie chaque semaine, le travail n’ayant toujours pas commencé.

A travers cette anecdote, nous apprenons que nous devons nous aussi au terme de chaque année nous interroger et nous demander honnêtement : “ As-tu véritablement et sincèrement servi Hachem ?”.

De plus, il est connu que chacun d’entre nous, accorde dans sa vie une importance et une place particulière à un élément qui est complet et entier. A contrario, une chose incomplète, voir imparfaite, ne nous procure pas de joie. D’autre part, un bonheur n’étant le fruit que de l’un de nos fantasmes les plus matériels, disparaitra très vite, laissant par la suite notre âme inassouvie, et par conséquent aigrie et triste.

Nous devons donc tous aspirer à une certaine perfection spirituelle, au moins au même degré qu’un homme aspirant aux choses matérielles, cherchant par exemple à posséder des meubles d’une parfaite finition. C’est d’ailleurs ce qui fait, parmi tous les mois de l’année, la spécificité et la singularité du mois de Eloul. Cette période nous invite en effet, à parfaire nos traits de caractères, notre comportement, ainsi que nos actions, aussi bien vis à vis d’Hachem que de notre prochain. Toutes déficiences ou manques inhérents à nos relations envers notre créateur, ou à l’égard d’autrui, peuvent constituer une gêne, voire un dommage important pour l’état de notre âme et de son épanouissement. Nous pouvons comprendre à travers cela, la fameuse demande que le Roi David adressa à Hachem dans le Téhilim 27 –verset 4 (que nous avons la coutume de réciter à la fin de la Téfila du matin, durant tout le mois de Elloul) :

אחת שאלתי מאת הי אותה אבקש שבתי בבית הי כל ימי חיי

Il est une chose que je demande à Hachem, que je réclame instamment, c’est de séjourner dans la maison de l’éternel, tous les jours de ma vie”.

David ne recherche profondément qu’une seule et unique chose ( אחת שאלתי מאת ה ) dans son existence : c’est la שלמות (c’est à dire, aspirer et parvenir à être le plus parfait possible dans sa relation avec Dieu). Il traduit cette ambition par les termes : שבתי בבית הי כל ימי חיי “ Je désire ardemment demeurer tous les jours de ma vie dans la maison d’Hachem”.

Qu’en ce mois de Eloul, nous puissions nous aussi nous engager à séjourner le plus longtemps possible dans nos synagogues et dans nos maisons d’étude, jouissant ainsi à travers la prière et l’étude de la Thora, de la présence divine, comme il est dit dans le Téhilim 84 verset 5 :

”אשרי יושבי ביתך עוד יהלולך סלה

“ Heureux ceux qui s’installent dans ta maison, et sans cesse récitent tes louanges !”.